Le BRT de Dakar, en exemple à la COP28 pour des villes viables et vivables
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Dakar est l’une des plus grandes agglomérations urbaines d’Afrique avec une population d’environ 4 millions d’habitants en 2023. Selon les projections démographiques, cette population devrait atteindre 7 millions d’habitants à l’horizon 2040. Si les tendances actuelles persistent, le nombre quotidien de déplacements devrait augmenter considérablement, passant de 7,2 millions en 2015 à près de 14,5 millions en 2035, soit un doublement de la demande en 20 ans. Cette évolution pourrait s’accompagner d’une réduction de la part des modes de transport collectifs au profit des modes individuels.En outre, une étude actualisée en 2022 sur le coût des externalités négatives liées aux transports routiers dans la région de Dakar, initialement réalisée en 1998, a révélé que l'économie sénégalaise perd annuellement 900 milliards de francs CFA en raison des problèmes liés à la pollution automobile, à la congestion, à l'insécurité routière et au bruit. Ces pertes représentent 6% du PIB national et 11% du PIB de la région de Dakar.Face à ces défis, l’Etat du Sénégal, en accord avec ses engagements internationaux en matière climatique, a opté pour un changement de paradigme, mettant l’accent sur les systèmes de mobilité collective et propre. Cette orientation se concrétise par d’importants investissements dans les transports en commun électriques tels que le TER et le BRT.Avec des bus (121 réceptionnés à Dakar) et stations capacitaires alimentés 100% par l’énergie solaire à terme, les services de BRT représentent une solution efficiente à la saturation du réseau routier. 300 000 voyageurs par jour sont attendus après une phase de montée en charge, permettant des économies de 59 000 Tonnes de CO2 par an. C’est l’exemple le plus illustratif, au niveau continental comme international, de la conciliation des objectifs d’amélioration de la mobilité et de réduction de l’impact environnemental des transports urbains.En répondant concrètement à 12 des 17 ODD, le BRT de Dakar a été cité en exemple lors de la COP28 par plusieurs partenaires au développement, qui ont invité le CETUD à partager son expérience en matière de transformations infrastructurelle et servicielle, en tenant compte des enjeux de transitions énergétique et numérique.Le coût global du projet est estimé à 419 milliards de FCFA avec une contribution du secteur privé s’élevant à 31% pour l’acquisition, l’exploitation et la maintenance du matériel roulant, intégrant un contenu local fort. Le financement de la mobilité verte, en garantissant la soutenabilité financière des opérations, représente l’un des défis majeurs à relever pour le développement inclusif des villes africaines. Sur ces aspects, le Directeur général du CETUD, Dr. Thierno Birahim AW, a partagé les principales leçons tirées de la structuration financière du BRT de Dakar : Un partage équilibré des risques et une stratégie d’allotissement claire consistant à financer sur investissement public la conception et la réalisation d’infrastructures résilientes tandis que l’acquisition du matériel roulant et son exploitation sont dévolus au partenaire privé. Un régime fiscal adapté aux technologies vertes pour l’équilibre de l’exploitation à des tarifs socialement acceptables. Un contenu local fort avec une implication du privé national : le FONSIS détient 30% du capital de la société de projet, Dakar Mobilité, pour le compte de l’Etat et des opérateurs locaux.En complément du projet BRT, il est prévu une restructuration globale du réseau de transport en commun (RTC) dont l’objectif est de réorganiser le réseau de bus afin de renforcer l’offre de transport public en offrant aux usagers des correspondances avec les transports de masse, améliorant ainsi la desserte des zones éloignées.Ce troisième plus grand projet de transport collectif, qui sera exploité par les opérateurs locaux, s’articule autour d’un programme prioritaire comprenant 32 lignes, un parc de 1000 bus, 4 ateliers-dépôts et environ 80 km de voiries à aménager. La mise en œuvre de la première phase, dont le financement a été finalisé, est prévue pour la période 2023-2026.Pour l’horizon 2035, un portefeuille de projets d’un montant de 1100 milliards de FCFA, prévu par le Plan de mobilité urbaine durable de Dakar (PMUD), permettra la mise en place de 7 nouvelles lignes de transport en commun sur site propre, 15 pôles d’échange multimodaux et 175km de pistes cyclables pour une réduction des émissions de GES de l’ordre de 15%.Ces initiatives sont guidées par une volonté d’inscrire Dakar parmi les villes africaines les plus compétitives, avec une économie décarbonée et tirant le maximum de ressources de la transformation digitale pour offrir des services de mobilité performants.