Marrakech a abrité le 1er Forum africain de la sécurité routière : L’Afrique s’engage à réduire le nombre de morts sur les routes
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Une première édition qui a tenu ses promesses. Organisé par le ministère de l’équipement, du transport, de la logistique et de l’eau (METLE) et le Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC) en partenariat avec le Programme des politiques de transport en Afrique (SSATP) à Marrakech du 13 au 15 novembre 2018, le 1er Forum africain de la sécurité routière a réuni plus de 800 participants de près d’une cinquantaine de pays africains.
S’exprimant lors de la séance inaugurale, Saad Eddine El Othmani, chef de gouvernement, a mis l’accent sur la dimension africaine de cet événement estimant que la sécurité routière et un des défis majeurs de l’Afrique compte tenu du nombre des victimes des accidents de la route toujours en hausse sur le continent.
Le chef de gouvernement a de ce fait assuré l’engagement du Maroc aux côtés des pays du continent afin de parer à ce phénomène. Pour sa part, Abdelkader Amara, ministre de l’équipement, du transport, de la logistique et de l’eau, s’est attardé sur l’expérience du Maroc dans le domaine de la sécurité précisant que pendant les 15 dernières années, le pays a connu des avancées considérables en la matière. Dans le détail, 3.726 cas de décès à cause des accidents de la route ont été enregistrés en 2017 au Maroc, un chiffre enregistré également durant l’année 2003 sachant que le parc automobile du pays est en nette hausse. Il a expliqué à cet égard que la stratégie nationale marocaine en matière de sécurité routière 2017-2026 vise a réduire de 25% le nombre de tués sur les routes à l’horizon 2021. Le ministre a indiqué que cette stratégie a déjà donné ses fruits puisqu’à la première année de son application, le Maroc a enregistré une baisse des accidents mortels à raison de 2,47% et une diminution de 2,60% du nombre des morts.
Cette tendance baissière continue en 2018 puisque les statistiques provisoires des 10 premiers mois de l’année en cours ont dévoilé un fléchissement de plus de 3% du nombre des décès à cause des accidents de la route comparé à la même période de l’année dernière. Une batterie de mesures a donc été mise en œuvre pour assurer la sécurité routière au Maroc, parmi lesquelles la mise en place de radars sur les routes. La tutelle avait d’ailleurs annoncé un appel d’offres pour l’acquisition de 552 radars fixes et 180 radars mobiles en 2018. La passation de ce marché sera effectuée avant la fin de l’année afin de mettre en place ces radars sur les routes en début de l’année 2019, précise le ministre de l’équipement, du transport, de la logistique et de l’eau. Quant à la prise en charge des victimes des accidents et les délais d’intervention des secours, le Maroc vise à réduire les délais d’intervention suite aux accidents de la circulation à 8 minutes dans le milieu urbain et à 15 hors des zones urbaines.
Marrakech, capitale africaine de la sécurité routière
Lors de cet événement, Jean Todt, l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies, a adressé un message aux participants souhaitant que ce 1er Forum soit soldé par la mise en place d’une feuille de route africaine en matière de sécurité routière. Placé sous la thématique centrale «La sécurité routière en Afrique : Un levier de développement», ce Forum a été marqué par la richesse des échanges. Ministres africains, autorités gouvernementales, acteurs publics et privés, composantes de la société civile au niveau du continent africain, représentants d’organisations internationales… pendant trois jours, Marrakech s’est transformée en capitale africaine de la sécurité routière.
En effet, le palais des congrès de la ville ocre a constitué une véritable plateforme d’échanges d’expertises et de bonnes pratiques dans le domaine de la sécurité routière. Pour les organisateurs, la finalité a été de capitaliser sur les acquis des uns et des autres en matière de sécurité routière pour que les similitudes socio-économiques et culturelles entre pays africains soient des atouts et des facteurs clés de succès. En soutien à ce Forum, plusieurs organisations internationales se sont portées partenaires à cet événement telles que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Fédération internationale de l’automobile (FIA), le Forum international du transport (FIT), la Fédération routière internationale (IRF), la Banque mondiale ou encore la Banque africaine de développement (BAD). Le management stratégique et institutionnel de la sécurité routière, le financement et le pilotage des stratégies, l’intégration des nouvelles technologies, l’aménagement des infrastructures routières en Afrique, le renforcement des capacités, la prise en charge de la sécurité routière dans les milieux professionnels, les études et recherches, ont été les principales thématiques qui ont été abordées lors de ce 1er forum. En parallèle des sessions ministérielles, des panels scientifiques, des workshops thématiques et des sessions de réunion de l’Alliance mondiale des ONG pour la sécurité routière, cet événement a été marqué par l’organisation du festival du film de la sécurité routière et d’un salon d’exposition dédié aux différents partenaires.
Les routes africaines sont les plus meurtrières
En termes de chiffres, la route fauche la vie de près de 1,25 million de personnes chaque année, selon l’OMS. L’Afrique en paye le plus lourd tribut avec le taux de mortalité routière le plus élevé au monde (26,6 pour 100.000 habitants contre 17,4 au niveau mondial). Au quotidien, environ 650 décès sont enregistrés sur les routes africaines. Un constat d’autant plus alarmant que le continent a le taux de motorisation le plus faible avec 46,6 véhicules pour 1.000 personnes, contre 510,3 véhicules pour 1.000 personnes dans la région européenne. Par rapport au nombre de véhicules, il s’avère que le continent enregistre 20% des décès dus à des accidents de la circulation, mais ne possède que 2,3% des véhicules dans le monde. Ce n’est pas fini, la moitié des personnes tuées sur les routes sont de jeunes adultes âgés entre 15 et 44 ans. Sur le plan économique, l’insécurité routière coûte aux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire entre 3 % et 5% de leur PIB, estime l’OMS. Pour l’ensemble des experts présents lors de ce forum, il est temps d’y mettre un terme.
Un observatoire africain régional sur la sécurité routière bientôt créé
Le projet de création d’un Observatoire africain régional de sécurité routière (ARSO) commence à prendre forme. En effet, l’Afrique se dotera bientôt d’un observatoire régional de sécurité routière que le Maroc compte abriter. Pour se matérialiser, un mémorandum d’entente pour la création de cette entité a été signé entre la Banque mondiale et le Forum international des transports (FIT) en Allemagne lors de l’édition 2018 du sommet annuel du FIT. Cet organisme aura pour mission de générer des données solides ayant un impact positif sur les politiques publiques en matière de sécurité routière, influencer et évaluer techniquement les principaux acteurs responsables du trafic et de la sécurité routière dans les pays membres africains, afin de réduire considérablement les accidents de la route et leurs conséquences.
Aujourdhui.ma